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L' assassinat d'Henri IV

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Nous sommes le vendredi 14 mai 1610, lendemain du sacre de la Reine Catherine de Médicis à l'abbaye de Saint-denis.

Toute la matinée Henri IV s'est entretenu des négociations en cours, de la guerre contre l'Espagne qu'il prépare, de l'état des armées...

Puis il se rend à Saint-Roch pour y entendre l'office.

Au même moment, Ravaillac entend aussi la messe dans l'église Saint-Benoit.

Qui dira les sentiments, les pensées qui occupent à cette heure la victime et le bourreau, le béarnais qui rêve à sa maîtresse et le sombre angoumoisin qui écoute dans l'extase les derniers ordres de Dieu.

Dès qu'il est de retour au Louvre, le Roi dépêche La Varenne, ce rat d'auberge devenu son confident pour aller chercher Sully.

La Varenne revient lui dire que Sully est au bain et qu'il doit garder la chambre.

Vitry, le capitaine des gardes lui dit:

< Sire, votre Majesté parait triste et toute pensive, elle devrait prendre l'air. >

< C'est bien dit répond le Roi, faites apprêter mon carrosse, je vais à l'Arsenal voir le duc de Sully qui est indisposé et qui se baigne aujourd'hui. >

Il sort et monte dans le carrosse.

Il est quatre heures du soir.

Le duc d'Epernon, Le duc de Montbazon, le maréchal de Lavardin, messieurs Roquelaure, La Force et Mirebeau prennent place avec lui dans le berceau.

Sous la voûte de la première porte, il fait découvrir la voiture et lever les mantelets parce que le temps est beau et qu'il veut voir en passant la décoration des rues en l'honneur de la reine qui fera une entrée triomphale ce dimanche.

Ravaillac est là, sous le guichet, contre la borne où les laquais s'assoient en attendant leurs maîtres.

Il avait pensé faire son coup dans la cour, entre les deux portes, frapper le Roi dans son Louvre.

Un hasard l'en empêcha: c'était le duc d'Epernon qui se trouvait à la place où il croyait trouver le Roi.

Il laisse filer la voiture, sort du guichet derrière elle, la suit en courant dans la rue Saint-Honoré, son manteau pendant sur l'épaule, et dissimulant son couteau qu'il tient ouvert dans sa main.

< Allons au cimetière Saint-Innocent.>

Le carrosse s'engage rue de la Ferronnerie.

A l'entrée de la rue, Sa Majesté aperçoit Montigny dans sa voiture.

C'était ce même Montigny qu'une vingtaine d'années plus tôt, il était en train d'embrasser, le jour où Jean Châtel l'avait frappé de son couteau.

Montigny semblait là posé comme un mauvais présage.

La rue est fort étroite; les boutiques accotées à la muraille du charnier Saint-Innocent la rendent plus étroite encore.

Quelques cinquantes ans plus tôt, le feu Roi Henri Il avait fait paraître un édit pour qu'on abattît ces échoppes, mais l'édit était resté lettre morte.

Une charrette chargée de foin et le haquet d'un porteur de vin s'étant accrochés ensemble embarrassent encore le passage.

Tandis que haquet et charrette se rangent sur la droite, l'équipage du Roi prend la gauche.

Dans ce mouvement le carrosse se met à incliner très fort du côté du duc d'Epernon, dans le lit du ruisseau qui coule au milieu de la rue.

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On est à la hauteur d'une boutique portant pour enseigne: Au coeur couronné percé d'une flèche, et à la place même où Ravaillac, à la Noël, a déjà rencontré le Roi.

Pour alléger la voiture les valets sautent à bas, et coupant par le charnier ils courent au bout de la rue attendrent l'équipage.

Des deux laquais qui seuls sont demeurés près du Roi, l'un s'avance pour dégager la charrette et le haquet, l'autre se baisse pour rattacher sa jarretière.

Sa Majesté penchée sur M. d'Epernon lui lit un billet qu'elle a à la main droite, et pour lire plus commodément elle tient son bras levé.

Ravaillac est prompt.

Un pied sur la roue du carrosse, l'autre sur une borne qui sert de montoir aux cavaliers du Coeur couronné, il frappe le Roi de son couteau, un peu au-dessus du coeur.


Le Roi s'écrit: < Je suis blessé! >


Aussitôt un second coup lui perce la veine aorte et tranche la veine cave.


Le roi dit alors: < Ce n'est rien. >


Un flot de sang sort de sa bouche.

< Ah! Sire, fait M. de La Force en lui portant sa médaille aux lèvres, souvenez-vous de Dieu! >

Mais il est déjà mort.

Tout cela est si rapide et suivi d'une tel confusion que personne ne reconnaît le meurtrier si celui-ci ne lâche prise.

Mais il reste là, immobile, sans songer à prendre la fuite, et le couteau à la main.


Ainsi commençât l'une des plus grande énigme historique, à savoir; manipulation, complicité...