Le Couteau de RAVAILLAC
....Ravaillac bondit entre le Roi et La Force, frappe de son couteau.
Effroi dans le carrosse, affolement alentour, dans la foule qui remplit la rue étroite.
Un écuyer arrête le meurtrier immobile qui est là, son couteau à la main et veut le dépêcher:
-Ne frapper pas, il y va de votre tête, commande le Duc d'Epernon.
Ravaillac emmené à l'hôtel de Retz est interrogé par le Président Jeannin.
Tandis que l'on interpelle le criminel, qu'était devenu l'instrument du crime?
Une heure auparavant, à l'Arsenal, le duc de Sully, entendant les lamentations de la duchesse et de toute sa maison, était sorti:
-Ah! monsieur, lui avait-on crié, le Roi est extrêmement blessé d'un coup de couteau dans les flancs, voilà St-Michel qui vous le vient dire, et qui vous apporte le couteau.
Ce couteau "tranchant des deux côtés par la pointe" fut présenté à Ravaillac qui le reconnut; il devait être remis plus tard au duc de La Force.
Cette arme que Ravaillac vola, près des Quinze-Vingts (rue St-Honoré), sur la table d'une hôtellerie d'où on le chassa sous prétexte que la maison était pleine, appartenait certainement à un riche voyageur, car elle n'est pas vulgaire.
On a pu la voir aux expositions universelles de 1889 et 1900.
C'est un poignard renfermé dans une gaine analogue au trousse de veneur, avec deux petits couteaux et un poinçon.
Sa longueur totale est de 36 cm, celle de la lame 26 cm.
La largeur de la lame au talon est de 2,5 cm.
Cette lame gravée et dorée à arête médiane porte la marque incrustée en cuivre H et le chiffre gravé SI1R et la devise:
Haec dextera vindex
Principis et Patrae
Les deux petits couteaux portent une devise semblable, la date 1600, le chiffre S/IR et une armoirie surmontée du même chiffre, partie également:
1° à dextre, une main tenant une épée haute traversant une couronne à la pointe.
2° à senestre, un aigle à deux têtes;
Aucun doute ne peut s'élever sur l'ancienneté de l'arme.
Un détail a son importance. le manche est en corne de cerf, et Ravaillac a raconté lui-même qu'il fit remplacer le manche de baleine, où la lame branlait, par lin manche en corne de cerf
De nos jours, le couteau est toujours en possession de la famille de La Force.
Ces gens de la haute noblesse habite un château à St-Aubin de Locquenay, bourgade au nord-ouest du Mans.
Mes contacts avec Henri Jacques Nompar de Caumont, 14ème duc de La Force, m'ont été d'un précieux secours.
Cet homme, intrigué d'abord, puis intéressé par mon récit généalogique, m'a renseigné quand au couteau que sa famille conserve.
Celui-ci se trouve dans le coffre-fort d'une banque de Lausanne en Suisse, pays à vocation protestante.
C'est également dans cette ville que réside sa mère, Monique de La Rochefoucauld
En 1998, pour fêter les 400 de l'Edit de Nantes, date importante pour la communauté protestante, une exposition s'est tenue au musée principal de Lausanne.
Le couteau y était exposé.
C'était la première fois que l'arme fatale au "Vert Galant" était présentée publiquement depuis l'exposition universelle de Paris en 1900.
Malheureusement, je n'ai pu me rendre chez nos voisins helvétiques admirer la "relique"
